C’était il y a juste un an, Katerina Petrowskaia m’a contactée pour répondre à quelques questions pour son excellent compte Instagram dédié aux aquarellistes botaniques contemporains.

Retrouvez ici mes réponses : ma passion pour l’art botanique.

1 MON MÉTIER

Je suis illustratrice professionnelle pour la publicité et la presse, à Paris. Je réalise des travaux de commande pour des agences de publicité ou des marques en direct, essentiellement dans le domaine du luxe. Le dessin au crayon graphite sur calque reste ma technique principale. Elle me permet, « step by step », de faire évoluer mes dessins jusqu’au rendu final qui satisfera mon client.

Step by step dessin arbre
Step by step d'un arbre, le Caroubier
2 MON HISTOIRE
 
Née à Lyon dans une famille d’artistes, je dessine depuis toujours, ma deuxième passion : l’observation des insectes et de la nature. Enfant, je réalisais souvent des planches de plantes ou d’animaux, je ne connaissais pas l’aquarelle botanique moderne, mais étais extrêmement impressionnée et admirative des dessins anciens.

Avec ma grand-mère, je passais des heures à feuilleter les catalogues de plantes et à discuter avec les jardiniers du magnifique parc botanique de la Tête d’or de Lyon. Mais surtout nous regardions des revues d’art et allions beaucoup dans les musées. Elle m’a appris à observer chaque détail d’un tableau : les arrière-plans bleutés de Joachim Patinir, les petits insectes cachés dans les natures mortes des peintres hollandais et les merveilleuses planches de Redouté, qu’elle adorait. Avec elle, la fantaisie et l’art étaient partout. J’ai toujours suivi des cours, que ce soit de modèle vivant aux Beaux Arts ou de composition, de sculpture dans des ateliers privés.
Plus tard, c’est tout naturellement que mon père m’a inscrite à l’école parisienne d’arts graphiques : Penninghen, sans même me demander mon avis! J’ai poursuivi mes études aux Arts Déco (EensAD) et commencé une carrière free-lance d’illustratrice publicitaire.

Planches botaniques-Pensées-Capucines-Clématites
Mes premières planches botaniques, Pensées, Capucines et Clématites

3 MES DÉBUTS AVEC L’AQUARELLE BOTANIQUE

Il y a 4 ans, pour les besoins un film publicitaire pour les cosmétiques Yves Rocher, j’ai eu une commande de dessins botaniques. Le vert de mes feuilles ne me satisfaisait pas, pour me perfectionner, j’ai rencontré la fabuleuse illustratrice scientifique, Agathe Haevermans au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Depuis, je suis régulièrement des cours d’aquarelle botanique avec elle. Me voilà revenue à mes premières amours, le dessin naturaliste. Quel bonheur de réapprendre à observer, analyser et travailler de nouveau d’après nature!

Etudes botaniques pour film
Etudes botaniques pour film Yves Rocher

4 LES PROFESSEURS

Agathe m’a appris toutes les bases de l’aquarelle botanique. L’observation et la compréhension d’une plante, le dessin juste, le rendu des couleurs, des lumières et des volumes. Chaque professeur : Margaret Best, Ann Swan, Dulce Nascimento ou Vincent Jeannerot, avec qui j’ai eu la chance d’étudier, enseigne ses propres méthodes. Je m’imprègne du savoir de chacun… choisi ce qui me convient le mieux, pour façonner ma propre technique. Ce sont aussi des moments de partage et de belles rencontres. Fabuleux pour moi qui me sens plutôt isolée dans mon métier d’illustratrice.

Je suis membre de la SFIB (Société Française d’Illustration Botanique) et de la ASBA (American Society of Botanical Artists) et depuis peu de la société anglaise SBA (Society of Botanical Artists).

Stages aquarelle botanique
Stages et cours avec de gauche à droite : Agathe Haevermans - Margaret Best - Ann Swan - Dulce Nascimento - Vincent Jeannerot

5 L’EXPÉRIENCE

Dans cette difficile discipline qu’est l’aquarelle botanique, les maîtres mots sont : l’observation, la rigueur et la patience. En premier il s’agit de dessiner le sujet, le plus justement possible, au crayon sur un brouillon pour le reproduire ensuite le dessin à la table lumineuse sur le papier définitif, afin de ne pas l’abîmer. L’aquarelle ne pénètre plus de la même façon dans la surface, si elle a déjà été abrasée. La composition d’un dessin reste une des plus grandes difficultés à appréhender. Savoir choisir le bon angle d’un sujet et le positionner dans la feuille est essentiel à la réussite d’une planche. Le végétal peut-être complètement différent selon la manière dont on le présente.
Quand je commence un dessin, malgré mes années d’expérience en illustration, j’ai toujours l’impression de me mettre en péril! Avec les premiers jus, qui donnent les valeurs et la forme générale, j’ai souvent le sentiment que le dessin ne prendra jamais forme. Puis lorsque j’apporte les détails et qu’ils se précisent, le plaisir devient réel et j’entre vraiment dans le sujet. Je suis alors dans une bulle et oublie le monde extérieur, tant la passion est prenante!

Evolution et étapes d'un dessin botanique
Tuto : évolution et étapes de l'aquarelle botanique. Le dessin et placement, le masquage des parties à réserver, la recherche des couleurs, les premiers jus d’aquarelle qui donne le volume général, puis les phases de précisions, jusqu'à l'aquarelle finalisée.

6 LA TECHNIQUE

Depuis que j’ai commencé l’aquarelle botanique, il y a trois ans, je travaille sur du Fabriano Artistico-Grana satina – Hot pressed – Extra white – 300g. Son grain fin permet de grandes précisions, supporte de nombreuses couches d’aquarelle et reprises lorsque l’on enlève les pigments. Je ne peins quasiment qu’avec un seul pinceau Raphaël 8404, en poil de martre N°1, il a une bonne charge de peinture et une pointe ultra fine pour les petits détails. Je prépare mes couleurs avec un pinceau synthétique qui est dur et ne s’abîme pas, il est parfait pour prendre les pigments des godets. Je les dépose ensuite dans différentes palettes plastiques à trous ou sur une jolie plaque de porcelaine quand le sujet a des teintes similaires. Une petite pipette me permet de rajouter juste ce qu’il faut d’eau. Pour mes tests couleur ou essais de matières et textures, je les réalise sur de petites feuilles du même papier que celui de mon dessin, afin d’être certaine que le rendu sera identique. Ma boîte d’aquarelle, Windsor & Newton, m’accompagne depuis mes 18 ans! Les godets n’ont pas de références, je les utilise de manière intuitive.

Materiel pour l'aquarelle botanique
Monmatériel pour l'aquarelle botanique

7 L’INSPIRATION
Beaucoup d’artistes sont très inspirants, particulièrement Asuka Hishiki, Robert McNeill, Mali Moir ou Rory McEwen, me donnent tellement envie de dessiner! 
Le choix du sujet est essentiel, il faut l’aimer et le sentir, pour bien le retranscrire. J’essaie de trouver ce qui n’a pas déjà été beaucoup représenté, et préfère vraiment peindre d’après nature: une petite graine, un végétal séché ou une jolie plante atypique, pour l’agrandir et exacerber sa personnalité. L’esprit cabinet de curiosités a toujours fait parti de mon univers.
Il y a longtemps, le travail du peintre italien Domenico Gnoli m’a beaucoup marqué. Il peignait des détails de vêtements, boutons, col de chemise ou chaussure, en énorme, comme vus au microscope! 


L’aquarelle botanique exige un grand sens de l’observation. La structure, la matière, l’accroche d’une feuille ou d’un pétale sont autant de petits détails qui vont nous guider pour exprimer la nature d’une plante. 
Avec chaque dessin j’espère provoquer une émotion grâce à ma propre perception du sujet avec ma technique que j’essaie perfectionner au fil des années.

“Mon cabinet de curiosités : une affaire de famille, photo du squelette, de Carl Labrosse, mon fils – La sculpture de Marina Gendre, ma sœur – Un rouage de la collection de boîte à musique et automates de mon père – Les outils de reliure de ma mère”.

Mes sources d'inspirations nées de mon histoire personnelle et de passions

8 LA PASSION

L’aquarelle botanique a été pour moi une nouvelle respiration, tant par l’apport de nouveaux clients dans mon métier d’illustration, que dans ma vie personnelle. Récemment, la Poste m’a commandé une série de timbres poste sur la flore française en danger.

Grâce à cette belle discipline, j’allie les voyages qui sont une vraie raison de vivre et le dessin, ma passion de toujours. Il y a deux ans, je suis partie en Amazonie, sur les traces de la grande exploratrice Margaret Mee. (Voir l’article précédent). L’occasion de rencontrer des artistes du monde entier, de lier des amitiés et de découvrir des plantes inconnues.

J’adore mon métier! ❤️❤️❤️❤️❤️